""" ... Les biographes ont malheureusement cru d'ordinaire qu'ils �taient historiens. Et ils nous ont priv�s ainsi de portraits admirables. Ils ont suppos� que seule la vie des grands hommes pouvait nous int�resser. L'art est �tranger � ces consid�rations. Aux yeux du peintre le portrait d'un homme inconnu par Cranach a autant de valeur que le portrait d'�rasme. Ce n'est pas gr�ce au nom d'�rasme que ce tableau est inimitable. L'art du biographe serait de donner autant de prix � la vie d'un pauvre acteur qu'� la vie de Shakespeare. C'est un bas instinct qui nous fait remarquer avec plaisir le raccourcissement du sterno-masto�dien dans le buste d'Alexandre, ou la m�che au front dans le portrait de Napol�on. Le sourire de Monna Lisa, dont nous ne savons rien (c'est peut-�tre un visage d'homme) est plus myst�rieux. Une grimace dessin�e par Hokusa� entra�ne � de plus profondes m�ditations. Si l'on tentait l'art o� excell�rent Boswell et Aubrey, il ne faudrait sans doute point d�crire minutieusement le plus grand homme de son temps, ou noter la caract�ristique des plus c�l�bres dans le pass�, mais raconter avec le m�me souci les existences uniques des hommes, qu'ils aient �t� divins, m�diocres, ou criminels..."""
Marcel Schwob, n� � Chaville le 23 ao�t 1867 et mort � Paris le 26 f�vrier 1905, est un �crivain fran�ais - conteur, po�te, traducteur, �rudit - proche des symbolistes.